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Contexte

Fin 2018, Marc Rochat, ingénieur informatique, arrive chez SpotMe en tant que VP engineering. Il a comme nouveau mandat de gérer plusieurs équipes d’ingénieurs qui construisent, codent et font évoluer la plateforme SaaS offerte par SpotMe pour faciliter l’organisation d’événements engageants (online, offline, hybrid) destinés aux grandes entreprises. 

Au moment de son engagement, SpotMe se doit d’industrialiser le développement logiciel dans une phase où l’entreprise était en forte croissance. Marc se doit donc de répondre à plusieurs objectifs : 

  • Optimiser les ressources 
  • Pouvoir prédire lorsque les nouvelles fonctionnalités arrivent dans le produit pour être plus précis et ciblé dans le temps dans le marketing
  • Pouvoir ajouter des nouvelles fonctionnalités à valeur ajoutée pour client de manière incrémentale et régulière
  • Améliorer la qualité de la plateforme 

Sans processus spécifique imposé par le directeur, il décide de capitaliser sur ses expériences de travail passées avec les méthodologies agiles en reprenant les pratiques qui font le plus de sens pour son contexte, à savoir principalement celles de SCRUM, étant bien adaptée à la taille de leur équipe engineering, et certains éléments de SaFe (cf. encadré à la fin de l’article).

Pour mettre en place cette nouvelle organisation du travail, Marc a procédé selon les six grandes étapes suivantes : 

A noter que les phases 1 à 3 permettent de lancer le changement vers la nouvelle culture et organisation du travail en mode agile tandis que les phases 4 à 6 restent continues dans le temps pour toujours ajuster l’organisation du travail en fonction des changements du contexte (ressources, évolution du marché, etc.).

1. Mettre en place une stratégie et créer de l’excitation

Tout d’abord, il a passé son premier mois de travail en décembre 2018 à auditer l’existant pour comprendre les besoins et le fonctionnement actuel. Avec certains team leader déjà en place, ils ont parlé et écouté les membres du département pour lister ce qui fonctionne bien et moins bien. 

Mettre en avant les bonnes pratiques était nécessaire pour deux raisons : 

  • les intégrer dans le processus de transformation agile à venir : pourquoi changer ce qui fonctionne ? 
  • éviter de faire passer le message que “rien ne fonctionne” ou “tout ce que vous avez fait jusqu’à maintenant est bon à jeter”.

Toutefois, expliciter ce qui ne fonctionne pas fut tout aussi important pour faire prendre conscience aux équipes de la nécessité de changer. Afin de créer cet engouement au changement, une liste d’objectifs d’améliorations et de problématiques à résoudre fût dressée tel que suivant : 

  • Améliorer la prédictibilité de nos “releases” en termes de dates de livraison et contenu
  • mieux estimer la complexité et la taille de certaines fonctionnalités à développer
  • procéder à une meilleure découpe des gros projets 
  • adopter le concept de MVP afin de pouvoir tester la nouvelle fonctionnalité au plus vite et enfin s’assurer d’une utilisation optimale de nos ressources en gérant mieux le séquençage des tâches par équipes et la parallélisation du développement.

Les recommandations pour la phase de préparation au changement

 

  • Sensibiliser les équipes au changement et créer de l’excitation : parler, expliquer ce qui va venir
  • Sélectionner une méthodologie et documenter celle-ci pour ensuite pouvoir former les collaborateurs à son implémentation.
  • Réorganiser les équipes si nécessaire par aire fonctionnelles et technologiques
  • Éviter une implémentation partielle : cela ne fonctionne pas, il faut y aller à fond ! Un des concept fondamentaux des méthodes agiles est de découper le travail en plusieurs sprint et tâches associées, chaque tâche relevant souvent de la compétence propre d’une équipe, il ne sert donc à rien par exemple de rendre agile une ou deux des équipes et de laisser les autres dans leur mode de fonctionnement actuel, ceci créera des blocages du fait que les dépendances n’auront pas été prise en compte lors du sprint planning.
  • Fixer des objectifs (mesurables) basés sur la mission initiale du collaborateur, mélangeant les objectifs business (produit) et organisationnels
  • Garder en tête que les  buts principaux du passage vers agile sont:
    • La transparence: en tout temps être capable de savoir ce sur quoi les équipes travaillent
    • La collaboration: une communication claire et fréquente entre les équipes de développements et les équipes de produit et de design
    • L’efficacité: la découpe de grandes fonctionnalités à développer en multiple sous tâches atomiques permet de livrer de la valeur aux clients plus rapidement, et également d’obtenir du feedback sur les nouveautés.

2. Former, mettre en pratique et transférer le processus agile

Introduire un processus agile dans une organisation existante représente un changement significatif et important tant dans la manière de penser que d’opérer comme le témoigne les 4 valeurs du manifeste agile sur lequel repose toutes les méthodes agiles.


Par rapport aux méthodes traditionnelles de gestion de projet, l’agile est plutôt axée sur les individus et les interactions que sur les processus et outils en tant que tels. Aussi, le mode de pensée est tourné vers le besoin du client à travers une livraison régulière de valeur (nouvelles fonctionnalités, meilleure qualité du produit en termes de stabilité ou réduction des défauts, etc.). 

Former et prendre le temps de la mise en œuvre de ce changement est nécessaire, car tout le monde va en bénéficier dans le temps. Il a ainsi été question, durant ce même mois de décembre 2018, de planifier le changement pour créer de l’engouement. Son début a été marqué par un kick-off en janvier 2019 de deux jours et demi en dehors des bureaux avec le programme suivant : 

  • Workshop de réflexion sur ce qui fonctionnait et ne fonctionnait pas 
  • Session sur la culture agile pour acculturer à ce changement culture (ex: vidéos de Spotify)
  • Exercices de team building
  • Formation à la méthodologie de SCRUM : comment évaluer, comment travailler en story point, etc. 

Le premier jour était plutôt centré sur de la théorie tandis que dès le deuxième jour, les équipes sont passées à la pratique. La formation est une étape clef dans la mesure où les méthodologies peuvent vite être mal appliquées tel que les équipes le faisaient jusqu’ici : faire des sprints et des stand-ups ne suffisent pas pour se dire agile. 

En termes d’accompagnement, le kick-off a été un moment très marquant pour Marc. Durant le premier Sprint Planning, chaque équipe était dans une partie de la salle pour faire son planning avec des post-its. Durant les 5-10 premières minutes, il ne se passait pas grand chose. Les équipes ne savaient pas comment approcher cette nouvelle méthode. Marc et un ou deux des teams leader engagés dans le processus étaient présents pour coacher les équipes et leur expliquer comment avancer. Après un quart d’heure, ils ont senti monter, d’un coup, une effervescence, une énergie où les gens commençaient à se parler, à échanger. Et là ils se sont dits : c’est bon, c’est parti, ça prend.

Les recommandations pour la phase de préparation au changement

 

      • Former les équipes sur la méthodologie agile sélectionnée : méthodes d’estimations de tâches, poker planning
      • Organiser un «kick-off», idéalement un offsite en début de mois : il faut en faire un événement. Lors du kick-off 
        • Présenter la stratégie d’implémentation 
        • Passer à la pratique en planifiant le premier sprint : être préparés avec la capacité
        • Coacher activement
      • Transmettre et rappeler les valeurs agile régulièrement, en tout temps

3. Gérer les détracteurs et mettre à profit les promoteurs

Face à la nouvelle méthodologie de travail et la nouvelle culture que cela supposait, les réactions ont été diverses dans l’équipe de Marc. Certains ont eu peur face au formalisme, la lourdeur et le côté orienté processus de la méthodologie SCRUM. Par exemple, à la fin d’un sprint planning, les collaborateurs doivent dire “je m’engage” à livrer toute la liste de tâche. Ce côté formel peut amener des réticences. Toutefois, beaucoup ont été rassurés de voir que cela amenait de la structure qui pouvait manquer jusqu’alors. Aussi, au fur et à mesure de l’utilisation de la méthodologie, chacun a commencé à se l’approprier et à voir son utilité. C’est assez paradoxal car pour introduire agile, ce formalisme est requis, et pourtant on s’attend ensuite à ce que chacune des équipes s’approprie la méthode et l’adapte à ses besoins.

Dans la phase de lancement d’un projet de changement de ce type, on voit que les personnes ont un rôle clef à jouer.  Comme illustré sur le graphique ci-dessous, tout changement de fonctionnement interne à une équipe va amener à un moment donné une perte de performance, le temps que l’équipe s’habitue au nouveau mode de fonctionnement et finalement performe encore mieux.

C’est ainsi déterminant d’adopter une stratégie d’accompagnement au changement en s’appuyant sur les alliés à l’intérieur de la structure. Comme le montre ce mapping des postures de changement, il existe différents profils face au changement, dont une grande majorité de personnes qui sont à convaincre sans pour autant être détracteurs.

Repérer et s’appuyer sur les ambassadeurs du modèle va permettre d’aider à passer plus rapidement cette courbe descente en termes de performance, car ils pourront permettre de convaincre les hésitants. Gérer les détracteurs est aussi un élément clef, car ils auront tendance à entraîner avec elles d’autres personnes.


Les recommandations pour la phase de dynamisation

 

Grâce à une cartographie de la posture des acteurs, l’idée est de : 

        • Identifier les promoteurs: il vont faciliter l’adoption et la sortie des moments difficiles
        • Identifier rapidement le(s) détracteur(s): ils peuvent détruire la mise en place Agile
        • Identifier les faux promoteurs: ils vont freiner l’adaptation de votre méthodologie

4. Raffiner le processus en fonction des besoins et des contraintes

Une fois la phase de lancement réalisée, la méthode est apprise et elle peut commencer à évoluer pour l’adapter à ce qui ne fonctionne pas ou plus en fonction des évolutions du contexte ou des besoins des équipes ou des métiers. 

Chez SpotMe, plusieurs adaptations ont été faites. Tout d’abord, par la force des choses, à travers le temps, à force de pratiquer les diverses cérémonies dont les Sprint planning, les équipes ont maturé. Elles sont devenues plus précises dans leur estimation de ce qu’elles sont capables de livrer. Grâce à cette connaissance sur les capacités, elles peuvent vraiment vivre l’agilité en s’adaptant à n’importe quel changement. 

Un des changements les plus conséquents qu’ils ont vécu fut, comme pour beaucoup, la période de crise sanitaire engendrée par la COVID19. Tous leurs services étaient conçus pour des événements en présentiel. Ils se sont donc vus obligés de revoir rapidement le cœur de leur produit pour aller vers du virtuel.  L’agilité a permis de mettre en pause certaines tâches pour se focaliser sur de nouvelles priorités liées à l’implémentation des projets liés au streaming vidéo et à l’interaction en ligne. Ils ont dû également sortir d’une focale orientée mobile pour se focaliser sur la version desktop ‘WebApp’. Cela a amené un changement de priorité et une accélération pour pouvoir rapidement réagir à temps et redynamiser le business avec l’acquisition de nouveaux clients. 

Durant cette période de COVID, ils ont dû également passer leur propre organisation de travail à un fonctionnement en ligne. Ils ont ainsi adapté certaines choses, notamment le fait d’avoir des tableaux de bord visuels en ligne (ex: Miro, Mural, etc.) ainsi que des outils de gestion des tâches pour remplacer les tableaux physiques et les posts-it utilisés jusqu’ici en présentiel. Ils sont depuis lors restés en ligne puisqu’ils sont devenus encore plus efficaces. Pour pallier les besoins de sociabilité, toutes les équipes de l’ensemble de l’entreprise se retrouvent tous les trois mois durant 3 à 4 jours en présentiel. C’est l’occasion de faire une revue des objectifs fixés et de les ajuster sur la base de ce qui s’est bien ou moins bien passé ainsi qu’en fonction des nouvelles opportunités. Durant ces moments, ils vont aussi passer des moments informels ensemble, faire des activités non reliées au travail pour se reconnecter les uns aux autres. Ces moments aident à la cohésion et mettent un rythme avec un cycle de tous les trois mois. Pour en savoir plus sur toutes adaptations du travail en ligne, vous pouvez aussi consulter cet article réalisé par le directeur, Pierre Métrailler, à ce sujet.

Au-delà de l’organisation en ligne, ils ont aussi revu la durée de leur sprint. Chaque mois, ils livrent de la nouveauté aux clients. C’est fortement apprécié par les clients et cela les rend compétitifs. Or, l’équipe a grandi et cela implique que chaque mois il y avait encore plus de changement à déployer en production. Ils se sont donc rendu compte qu’ils avaient atteint un point de bascule où l’équipe avait tellement grandi qu’ils déployaient beaucoup trop de changements à mettre en production. Or, s’il y a beaucoup de changement de code, cela implique significativement plus de risques. Ils se sont donc rendu compte qu’ils devaient passer à un cycle de développement de deux semaines pour avoir des incréments produits plus petits. Cela amène d’autres défis avec des changements toutes les deux semaines qui peuvent être plus compliquées pour le client. Ils essaient de pallier ça en réalisant des changements moins visibles toutes les deux semaines, tandis que tous les mois, ils annoncent des changements avec des fonctionnalités qui ont des impacts plus grands et visibles.

Un autre élément clef qui a été mis en place chez SpotMe depuis 2020 afin d’aligner les objectifs de l’ensemble de l’entreprise, mesurer le progrès et adapter ses objectifs au cours du temps , c’est la méthodologie des OKR, les Objectives and Key Results

Chaque année, et sur la base d’une révision trimestrielle, la direction donne des objectifs que l’entreprise doit atteindre. Ensuite, chaque département contribue à ces objectifs globaux d’entreprise en y alignant ses propres objectifs. A savoir que ces objectifs sont découpés en Key Results ou résultats clefs en français, qui doivent être mesurables et faciles à évaluer. Le plus délicat, dans cette méthode, est de définir des résultats clés qui sont valables. Dans le cas de l’équipe engineering, ce fut plutôt naturel d’implémenter une telle méthode qui s’appuie aussi sur une logique de cycle, de trois mois cette fois. Ainsi, il s’agit encore de segmenter le but à atteindre en plus petites parties. Un résultat clé du département engineering devient une épic, qui est découpée ensuite en stories qui vont être réalisées au fur et à mesure des sprints

La méthodologie OKR permet ainsi à la fois la gestion de la transversalité et des interdépendances entre équipes en créant un alignement dans une direction commune, et ceci en se basant sur des principes similaires aux méthodologies de gestion de projet agile : la définition de la direction commune est réalisée en segmentant, les différents axes et selon une approche itérative puisqu’elle est revue et ajustée à raison de cycle de trois mois.


Les recommandations pour la phase d’ajustement

 

      • Continuer de faire ce qui fonctionne bien
      • Arrêter de faire ce qui ne fonctionne pas, même si cela fait partie de la théorie
      • Adapter en permanence votre processus aux diverses contraintes
      • Identifier les problèmes dans votre processus et chercher des solutions dans d’autres méthodologies Agile
      • Analyser ce que d’autres font pour s’inspirer

5. Mesurer le progrès et les succès à l’aide d’outils adéquats

La prédictibilité sur ce que l’équipe peut livrer est, comme on l’a vu, gage d’agilité, puisque cela permet de pouvoir définir les changements possibles à faire en tenant compte des ressources à disposition et de leur capacité. Cette prédictibilité ou vélocité se définit qu’au cours du temps. Au début, c’est très aléatoire et ce n’est qu’après 6 ou 7 cycles de sprint qu’elle devient correcte car il y a suffisamment d’expérimentation faite et de données pour pouvoir estimer le temps qu’il faut pour réaliser certaines tâches.

Cette prédictibilité se mesure grâce à l’exercice d’estimation de la taille et complexité des tâches réalisée lors du Sprint planning avec la pratique du Poker Planning issue de SCRUM. Comme expliqué sur l’image ci-dessous, durant le Sprint Planning, une série de ’User stories’ sont définies, ce qui découle ensuite sur des tâches. Les membres de l’équipe vont ensuite estimer en nombre de points pour chacune des stories et des tâches.

C’est volontairement un nombre de points qui est estimé et non pas un nombre de jours ou d’heures. En effet, si l’estimation se faisait sur une échelle en temps réel cela biaiserait l’estimation. De plus, en un jour, une personne ne réalisera pas la même chose qu’une autre en fonction de ses compétences et de son niveau d’expérience. 

Ainsi, l’estimation se réalise en utilisant une séquence de Fibonacci, par une mesure en T-Shirt, tel que présenté ci-dessous. Cela permet de mieux réfléchir l’estimation de tâches importantes, qui mériteraient peut-être d’être encore découpées en sous-tâches.

Pour réaliser cette estimation, l’équipe peut utiliser une application où il est possible de voter sans influencer un autre membre de l’équipe. Le team leader ou scrum master lit à haute voix la story, puis les membres de l’équipe peuvent poser des questions de clarification. Ensuite, chacun des estimateurs va sélectionner une carte représentant la taille sur son application. Puis, toutes les cartes sont montrées à tous et les membres peuvent ainsi discuter des différences. Finalement, suite aux discussions, une ré-estimation peut être faite. 

Ce qui est intéressant avec cette technique du Poker Planning, c’est qu’elle va tenir compte du certain niveau ou d’une certaine aptitude que certains pourraient avoir dans une certaine partie du produit. Il pourrait y avoir trois personnes de l’équipe qui sont très à l’aise sur une partie et deux autres qui le sont moins. Les personnes qui sont moins à l’aise vont mettre plus de points alors que les autres vont en mettre moins. Cela va ensuite se moyenner. Cette manière de faire tient donc forcément compte de la composition de l’équipe. Aussi, un autre avantage est de pouvoir permettre aux membres de l’équipe de discuter de leurs différences de perception pour ajuster leur compréhension respective du travail à effectuer. Si les estimations divergent trop, cela est en général dû à une mauvaise compréhension de la tâche à accomplir. Dans ce cas, l’équipe rediscute la tâche pour mieux la comprendre et essaie aussi de comprendre pourquoi une personne a voté très bas et une autre très haut. Une fois la tâche bien comprise, il est possible de refaire un vote.

Si cet exercice est pratiqué à chaque sprint, au bout d’un certain temps, il est possible de définir la vélocité, c’est-à-dire le nombre de jours que cela représente. Il existe deux possibilités : soit en additionnant le nombre de points et divisant cela par le nombre de sprint ou en additionnant le nombre de jours réalisés puis en le divisant par le nombre de points. Au début c’est compliqué d’estimer la valeur d’un point, mais il faut bien commencer quelque part. 

Ces courbes ci-dessus représentent les vélocités des cinq équipes de chez SpotMe. Sur la deuxième ligne, il y a trois courbes : 

  • En rouge : ce que les équipes se sont engagées à faire 
  • En jaune : ce que les équipes ont effectivement livrés en fin de sprint
  • En bleu : le forecast, l’estimation des points qu’ils vont avoir dans les sprints successifs basés sur les hommes jours disponibles

Ici, c’est un graphe global sur tous les sprints. Cela pourrait être possible aussi de faire un tel graphe sur le sprint pour regarder si le sprint va atteindre ses objectifs. Cela permet de s’arrêter si l’écart est trop important et de procéder à un sprint replan. Celui affiché ici est plus global et permet de mesurer la manière dont l’équipe progresse dans sa précision. Ici, on voit que certaines équipes sont plus précises et expérimentées que d’autres, notamment la dernière où les courbes se suivent tout le long. Dans le cas de la quatrième équipe, on voit un écart entre ce qu’ils se sont engagés à faire et ce qu’ils ont livré, certainement dû à un événement externe, un changement de direction ou plus de temps passé à fixer des bugs.


Les recommandations pour mesurer le progrès

 

 

        • Organiser le backlog
        • Obtenir la capacité par équipe
        • Planifier les sprints et ajouter les estimations
        • Complétion des tâches au cours du temps
        • Calcul de la vélocité par équipe

6. Maximiser la performance et la satisfaction des équipes

Les indicateurs de performance liés au Poker Planning sont disponibles pour les membres des équipes. De prime abord, nous pourrions nous demander si cette évaluation de la performance n’induit pas une forme de pression sur les équipes. Or, ce n’est pas le cas puisque cet outil est justement utilisé comme garde-fou au surengagement. Les jours-hommes étant indiqués, les équipes s’appuient sur ces données pour savoir combien de capacité ils ont dans le prochain sprint. Ainsi, cela leur permet de s’assurer qu’une personne ne s’engage pas plus qu’elle ne pourraitet cela garantit donc la livraison des éléments promis. 

Aussi, cela ne met pas de pression sur un individu plutôt qu’un autre puisque ce sont les données globales de l’équipe qui sont mesurées et non pas les données individuelles. D’ailleurs, cela prend en compte que suivant les projets, il va y avoir des gens qui auront une aptitude naturelle à aimer le sujet ou à être très fort dans le sujet et d’autres moins, puis ensuite cela s’inverse au cours du temps. Ainsi, l’outil est axé davantage sur de la précision de l’équipe plus que de la performance pour toujours obtenir plus. Cela s’inscrit dans une démarche d’amélioration continue.

Ensuite, s’il y a une personne qui performe moins, cela va se voir très rapidement, car c’est du travail pas effectué, il y aura des stories qui manquent. Ce n’est donc pas avec ces données que cela ressort. D’ailleurs, les équipes de Marc se trouvent soulagées de toutes ces méthodologies de travail et de ce fonctionnement, car le matin lorsqu’ils se lèvent ils savent sur quoi travailler. Les choses sont établies en avance et il y a une structure. Ensuite, s’il y a des imprévus, il est possible de réagir en connaissance de causes.

Les recommandations pour maximiser la performance

 

      • La vélocité au cours du temps permet aux équipes de ne pas ”over comitter” et donc se mettre dans des conditions de travail optimales
      • Un bon planning permet à une équipe de ne plus se soucier de si ils exécutent les bonnes tâches
      • Les revues de sprint (démos) sont un moyen unique de permettre aux personnes de montrer ce qu’ils ont réalisé et ainsi renforcer leur “ownership” et autonomie
      • Les rétrospectives sont un excellent moyen d’obtenir des retours permettant d’affiner le processus en place.

Et pour conclure : est-ce que cette approche de l’agilité est applicable pour des équipes en dehors du domaine IT ?

Tout à fait. Pour voir comment, vous pouvez notamment vous inspirer de l’approche de Claude Aubry, qui dépeint la manière d’organiser une équipe de travail sous forme agile en illustrant la démarche par l’exemple d’une entreprise qui réalise de la production de légumes en permaculture. Ce que relève Marc, c’est qu’il est avant tout important de s’adapter à l’environnement et aux ressources à disposition de l’équipe qui implémente la méthode. 
LES PRATIQUES EMPRUNTÉES À SCRUM & SaFe

 

SCRUM est une méthodologie qui permet d’organiser le travail de manière itérative et incrémentale pour des équipes de 10-100 personnes. SaFe est une méthodologie agile dite à l’échelle, car elle permet de gérer une plus grande complexité en synchronisant les activités d’équipes de 200-300 ingénieurs. 

 

Comme recommandé par SCRUM, le département engineering de SpotMe est organisé par équipes de développement par aire fonctionnelle  (infrastructures clouds, applications mobile, interactions live – vidéos, streaming, interactions -, test qualité). Aussi, il travaille sous forme d’itération – les sprints – des périodes durant lesquelles chacun s’engage au sein de l’équipe à livrer un certain nombre de tâches ou fonctionnalités, des incréments produits, qui vont ajouter de la valeur au produit initial. 

 

Le but est de ne pas finir une période de sprint avec des éléments qui nécessitent encore beaucoup de cycles pour terminer leur réalisation. Cela force à découper une fonctionnalité complexe en des petits sous-tâches ou morceaux de travail qui sont ensuite distribués au sein de l’équipe. Un élément très important pour garantir la production de qualité est la bonne communication entre les équipes puisque les développements peuvent demander d’utiliser les compétences de diverses équipes qui sont réparties en ère fonctionnelle. 

La durée d’un sprint peut varier entre deux semaines ou un mois en fonction de ce que l’équipe se fixe.  Pour que cela fonctionne, il y a un certain nombre de cérémonies, ou séances : 

  • Le Planning½ ou 1 journée selon si c’est un cycle de 2 semaines ou 1 mois au début du Sprinttoutes les équipes
    • découper les fonctionnalités ou les tâches à effectuer en sous-tâches : il s’agira de définir des épics, qui sont ensuite découpés en stories (en tâches) 
    • estimation du temps pris sur chacune des tâches. Selon la capacité de l’équipe (qui est prédite, cf. plus bas dans l’article), l’équipe va définir combien de tâches elle se donne à réaliser durant la période du sprint. Lorsqu’il y a des tâches qui sont trop grandes pour un sprint, cela force à les découper encore en petites tâches.
  • Le Daily Stand Up 1x par jour 15mnau sein de chacune des équipes fonctionnelles : très rapidement chacun explique ce qu’il a réussi à effectuer le jour d’avant et ce qu’ils vont faire dans la journée qui vient. Le plus important dans cette séance est que chacun partage s’il a des blocages pour qu’ils puissent d’aider entre eux ou se rendre compte que c’est une chose qui dépend d’une autre équipe. Si c’est le deuxième cas de figure, le team leader (scrum master) va faire le lien avec l’équipe concernée.
  • La Sprint Review en fin de cycletous ensemble : chaque équipe va montrer ce qu’elle a réussi à atteindre par une démo du produit. C’est une période très importante. Cela permet : 
    • Aux équipes d’être fières de ce qu’elles ont réussi à atteindre
    • Détecter des ajustements qu’il y aurait à faire : petits détails qui peuvent encore être réglés avant que cela passe en production
    • Moment convivial
  • Le Sprint Rétrospectiveen fin de cycleau sein de chacune des équipes fonctionnelles : les personnes de l’équipe vont discuter de ce qui s’est bien déroulé et moins bien déroulé. Le but est de mettre en place des actions pour ne plus se retrouver face aux mêmes problématiques durant le cycle suivant.

Est ensuite emprunté à SaFe, trois pratiques principales : 

  • Gestion des interdépendances entre équipes : pour s’assurer d’optimiser et n’être jamais bloqué, il est important de bien synchroniser les efforts pour faire en sorte que l’équipe ne soit jamais en attente d’une autre équipe. Il s’agit donc de définir les tâches sur lesquelles elle peut travailler pendant qu’elle est en attente.
  • Repérer les tâches à risques : dans la même idée que la précédente, l’idée est de repérer les tâches qui pourraient être bloquées par de l’incertitude et s’assurer d’avoir défini une autre tâche possible à faire si celle-ci est bloquée. Par exemple, dans le cas de la nécessité de créer un nouveau contrat avec les fournisseurs, il y a une incertitude sur le quand cela pourra être fait. Ainsi, l’objectif est de définir en amont ce qui sera pris en remplacement.
  • Présentation des plannings intermédiaires : pendant le Sprint Planning, les équipes s’isolent pour estimer le temps dévolu pour chacune des tâches. Ensuite, elles partagent chacune leur plan pour pouvoir avoir un retour des autres. Cela permet notamment de repérer des dépendances qui auraient été manquées compte tenu que chacune a des compétences différentes.

Marc aime bien dire qu’ils sont partis de SCRUM mais qu’aujourd’hui ils ont leur méthodologie qui leur est propre. Ils ont donc ajouté quelques pratiques SaFe ci-dessus et n’ont pas repris l’ensemble du cadre de référence de SCRUM. Par exemple, au sein des équipes fonctionnelles de SpotMe, il n’y a pas tous les rôles prévus par SCRUM qui ont été repris. Voici le détail des rôles prévus par SCRUM : 

  • Le Product Leader – celui qui donne la direction : ce rôle a comme fonction de donner la direction, de focaliser l’équipe sur les valeurs agiles, sur le time to market, sur le retour en investissement et les coûts générés.
  • Le Scrum Master – celui qui pilote : il est le leader du projet avec trois différents objectifs
    • Assurer que le cadre méthodologique de SCRUM est bien compris et utilisé correctement pour l’entreprise et les équipes
    • Aider chacun à comprendre comment utiliser le cadre de référence SCRUM pour délivrer un maximum de valeur et répondre aux besoins du marché
    • Enlever les blocages qui empêchent la capacité des équipes SCRUM à réaliser leur but commun
  • Les développeurs – ceux qui font : ils se focalisent sur le développement des incréments afin qu’ils soient utilisables et potentiellement mis en production.

Au sein de SpotMe, cette séparation de rôles de scrum master et de développeurs est moins marquée puisque le team leader (équivalent de scrum master) réalise également des tâches de production tout en gérant l’équipe. Par ailleurs, le rôle de product owner est attribué à une équipe produit dédiée.